ANNEXE 1[1]

 

Notions succinctes sur les gammes.

 

            Les compositions musicales reposent sur des gammes définissant un ensemble de notes utilisables pour les compositeurs. Ainsi la gamme naturelle, issue de la culture occidentale, est bâtie sur 7 sons, elle a été étudiée par Pythagore, Zarlin, Ohm, Fourier, Helmholtz. On peut distinguer différents tempéraments, c’est-à-dire différentes répartitions des notes selon les époques, les compositeurs ou les instruments utilisés. Certains compositeurs contemporains utilisent d’autres gammes, notamment une gamme chromatique bâtie sur 12 notes (Schönberg, Webern, musique sérielle), d’autres utilisent des micro-intervalles...

On définit ces gammes à l’aide d’une fréquence de référence et par des rapports de fréquence par rapport à la référence.

Le principe fondateur pour construire la gamme naturelle est de rechercher les consonances entre différents sons. La théorie de Helmholtz[2] considère que deux sons sont consonants si leurs spectres harmoniques ont des taux de recouvrements important, c’est-à-dire si l’on retrouve beaucoup d’harmoniques communes dans les deux spectres. Ce taux de recouvrement des spectres dépend beaucoup du rapport des fréquences fondamentales. En effet, le spectre d’un son de fondamental f1 contient en général les  harmoniques 2f1, 3f1, 4f1..... Si on considère deux sons de fondamentaux f1 et f1’=2f1, les harmoniques du son le plus aigu coïncident exactement avec les harmoniques paires du son le plus grave. Ces deux sons ont une bonne consonance, on considère que l’une est la transposée à l’octave de l’autre. Alors si le la3 a pour fréquence fondamentale 440Hz, le la4, à l’octave supérieure a pour fréquence fondamentale 880Hz et le la2, à l’octave inférieure a pour fréquence fondamentale 220Hz.

Au contraire, le degré de consonance diminue lorsque le rapport numérique entre les fréquences fondamentales des deux sons devient plus complexe et, corrélativement, la sensation de présence de deux notes devient plus forte. C’est en particulier le cas des sons de fréquences fondamentales 3f1 et 5f1... qui tout en restant dans une certaine consonance, diffèrent suffisamment pour être considérés comme des notes musicales différentes. Ce sont précisément ces fréquences qui sont utilisées comme «définition » des notes dans la gamme de Zarlin. Ainsi l’accord parfait majeur est composé de trois sons de fondamentaux f1, 3f1 et 5f1. La note de fréquence f1 étant dénommée la tonique, celle de fréquence 3f1, ramenée à l’octave en divisant par 2, 3f1/2 étant la dominante et celle de fréquence 5f1, ramenée à l’octave en divisant par 4, 5f1/4 représentant la médiante.

On ramène tous les intervalles à des rapports compris entre 1 et 2 pour que toutes ces notes soient regroupées entre la tonique et son octave.

On construit alors la gamme en plaçant les 3 notes formées par l’accord parfait majeur ramenées à l’octave. Puis la dominante est considérée comme la note de base d’un second accord parfait majeur, les notes étant ramenées à l’octave, on trouve les fréquences suivantes : 5/4*3f1/2 = 15f1/8, 3/2*3f1/2=9f1/8. Enfin la tonique du 1er accord peut être considérée comme la dominante d’un nouvel accord parfait majeur, dont les fréquences, ramenées à l’octave sont 4f1/3 et 5f1/3.

 La succession des notes ainsi engendrées constitue la gamme diatonique majeure de Zarlin. Placées dans l’ordre croissant, en prenant do comme note de base, on obtient la suite :

 

 

Notes

do

mi

fa

sol

la

si

do

Fréquences

f1

9f1/8

5f1/4

4f1/3

3f1/2

5f1/3

15f1/8

2f1

Rapport à f1

1

9/8

5/4

4/3

3/2

5/3

15/8

2

                  ton maj      ton min   1/2ton dia    ton maj    ton min     ton maj   1/2ton dia

 

 


Les rapports de fréquences entre sons voisins permettent ensuite de définir les intervalles nommés ton majeur (9/8), ton mineur (10/9) et demi-ton majeur (ou diatonique) (16/15) auxquels pour compléter on peut ajouter un demi-ton mineur (ou chromatique) (25/24). On peut alors définir des notes intermédiaires en ajoutant dans les intervalles séparés par un ton les notes définies en ajoutant(#) ou en retirant (b) un demi-ton chromatique.

 

Changer l’ensemble des notes d’une œuvre en respectant les intervalles, c’est-à-dire transposer, revient à multiplier toutes les fréquences par un même nombre. Mais en procédant ainsi avec la gamme de Zarlin, on est conduit à introduire des sons nouveaux et donc à appeler du même nom des sons légèrement différents, cette incompatibilité entre les exigences des consonances et celle des transpositions conduit à des « compromis » consistant à accepter des consonances moins grandes pour autoriser davantage de modulations. On a donc élaboré de nombreux systèmes désignés sous le nom de tempéraments inégaux.

L’usage des claviers et des premiers instruments électroniques a notamment amené à définir la gamme à tempérament égal dans laquelle l’octave conserve sa définition initiale mais est divisé en douze demi-tons identiques. Le rapport des fréquences entre 2 notes espacées d’un tel demi ton étant 21/12, et celui pour deux notes espacées d’un ton 21/6.

On construit alors la gamme de do majeur en tempérament égal :

 

do

mi

fa

sol

la

si

f1

21/6f1

21/3f1

25/12f1

27/12f1

23/4f1

211/12f1

 

On rencontre évidemment de nombreux autres systèmes mais en s’appuyant sur la gamme à tempérament égal par exemple, on peut maintenant définir les notes par la fréquence de leur fondamental.

En choisissant comme référence le la3 à 440Hz, on obtient les « définitions » suivantes pour les différentes notes :

 

Note

Fréquence du fondamental en Hz

Do3

261,6

293,7

Mi

329,6

Fa

349,2

Sol

392,0

La3

440

Si

493,9

Do4

523,2

587,3

Mi

659,3

Fa

698,5

Sol

784,0

La

880

Si

987,8

 



[1] voir bibliographie [ Beaufils, Grente] p1107

[2] voir bibliographie  [Jean Pierre Dalmond]